— fragility (Evan) —

Tu te doutais bien, la veille, que parcourir tout ce chemin à pied, ce n’était pas une bonne idée. Pour l’avoir déjà fait, tu n’étais pas sans ignorer que ce serait trop et que tu aurais mal plusieurs jours après. Tu avais beau avoir avalé quelques cachets, ça n’avait rien changé et à présent, tu douillais. Ce matin aussi, t’en avais pris, des anti-douleurs, mais tu avais l’impression de les gober comme des smarties sans qu’ils ne fassent jamais effet. Il y avait des jours où tu te demandais même si on ne s’était pas foutu de ta gueule, si ça n’était pas simplement des placebo, parce que merde, après un an, c’était dans ta tête le problème. Sauf qu’en fait non, ce n’était pas dans ta tête du tout et tu ressentais des envies de meurtre envers tes médecins qui te regardaient avec cet air condescendant. Combien de fois les avais-tu regardé avec un air calme, luttant de toutes tes forces pour ne pas briser sur leur crâne le clavier, faire voler les touches et les dents sans distinction. Ouais, tu en avais rêvé plus d’une fois déjà, mais tu n’avais rien fait du tout, t’avais pris ton ordonnance, cherché tes médicaments et subi ta vie, comme toujours.
Et ce matin encore, tu avais senti que ça n’irait pas. C’était dès le réveil, que les douleurs te prenaient, te rendant le moindre mouvement douloureux et le chemin jusqu’au lycée n’avait rien arrangé. Le conducteur du bus scolaire faisait-il vraiment exprès de prendre chaque putain de bosse ? Et il ne pouvait pas changer ses amortisseurs ? Non, rien. Tout le monde se passait le mot pour te faire chier ce matin, visiblement.
Boitant fort, ça t’énervait d’autant plus fort que de croiser les regards curieux posés sur toi. Regards qui se détournaient aussi vite pour ne pas attirer la foudre sur eux. Parce que t’étais un peu connu pour ça, t’énerver sur le premier malheureux à avoir eu l’audace de te regarder de travers. Claudiquant jusqu’à ton casier, tu soupirais d’avance en imaginant le poids de tes livres sur ton dos et, à peine ton sac chargé, la cloche retentit, provoquant un véritable mouvement de foule si bien que tu te retrouvais rapidement seul dans le couloir. Aucune chance que tu arrives à l’heure au premier étage du bloc. Aucune chance que tu parviennes à affronter les escaliers dans cet état. Laissant juste retomber ton sac à tes pieds, tu pris appuis contre ton casier, légèrement penché vers l’intérieur. C’était certain, tu allais te faire coller si on te trouvait là, mais il y avait juste des moments où tu abandonnais la partie. Le temps de quelques minutes. Le temps qu’il te fallait pour que tu ne sois plus seul dans les couloirs.

@Evangeline Liddell

être présidente du student council avait ses avantages, et ses inconvénients. et ces avantages pouvaient se changer en des inconvénients, dépendants de chacun. pour evangeline, devoir faire une crois sur le cours d'histoire du matin pour devoir aller à une réunion avec le directeur était un inconvénient que bon nombre d'élèves tournerait en avantage.
après avoir attaché son vélo à l'endroit adéquat devant la cour du lycée, elle s'est directement dirigée vers sa salle d'histoire, à attendu le professeur pour s'excuser de son absence avant de se diriger vers le bureau du directeur.
le professeur n'était pas venu en avance. ça l'avait un peu stressée, evan n'aimait pas être en retard. mais le directeur lui avait précisé qu'il ne s'offusquerait pas si elle n'était pas exactement à l'heure à cause de ce genre de problème. tout de même, elle a attendu devant la porte, la jambe battant un rythme rapide d'impatience.
quand il est enfin arrivé, elle a parlé rapidement, expliqué la situation, et s'en est allée, son sac en bandoulière sur son épaule. elle a descendu les deux étages en courant, son sac rebondissant sur son flanc à chaque marche. elle pouvait se le permettre parce que les couloirs étaient vides, elle ne risquait de bousculer personne.
en tout cas, les croyait-elle vides. mais ils ne l'étaient pas complètement. un silhouette immobile, contre les casiers, le sac par terre.
elle ne comprenait pas au début. alors elle s'est arrêté net, surprise. mais elle a vite repris ses esprit et, de son pas rapide, s'est approchée. elle ne savait pas si elle devait s'arrêté pour faire un commentaire, demander si on avait besoin d'aide. ou juste rappeler que ce n'était pas l'heure à la méditation lycéenne. "tout va bien ici ? pourquoi t'es pas en cours ?" c'était cawr, evan venait de s'en rendre compte. elle ne savait pas trop si elle avait bien fait de poser la question...

@cawr ingham

Appuyé contre ton casier, le visage perdu dans la fraîcheur de ce dernier, histoire d’oublier le temps de quelques secondes où tu étais, tu ne pensais à rien. T’avais pas de plan, pas d’idée. Quand les douleurs étaient trop fortes, assez pour marteler tes pensées, tu n’étais capable de te concentrer sur rien d’autre, alors lâchement, tu fuyais. Qu’importe comment, tu laissais juste tomber, à l’abris de regards indiscrets. Mais à Twadogs Hill, il n’y avait aucune chance que ça arrive, il y avait toujours quelqu’un pour vous reconnaître et vous juger. Même quand vous ne faisiez rien de mal, même quand vous étiez plein de bonnes intentions. Bon, ce n’était que rarement ton cas, mais il te semblait important de le préciser.
Surpris par la voix qui s’éleva dans le couloir, une voix bien trop jeune pour appartenir à l’un des professeur, tu te redressais pour regarder à qui elle appartenait. Evangeline. Sans réellement la connaître, tu la connaissais quand même. Petite blonde en tête du conseil des étudiants, ça n’avait rien de surprenant qu’elle se prenne pour une surveillante, déjà qu’elle croyait être l’amie du Tout Puissant, hein ! La toisant avec ta moue des mauvais jours, tu ne bougeais pas. « Quoi, tu vas enlever vingt points à Serpentard ? » te moquais-tu. Le truc, c’est qu’elle était aussi la grande copine du directeur et aussi chiant sois-tu, tu ne voulais pas rentrer avec une nouvelle remarque dans ton carnet. Dommage que ta raison ne durait jamais que quelques secondes « Qu’est-ce que ça peut te faire, en fait ? » t’étais méchant, parce que ta patience s’était évaporée, usée par les douleurs, usée par les désillusions. Et d’une grimace crispée, t’attrapait ton sac que tu jetais par-dessus ton épaule, claudiquant pitoyablement. Si tu espérais une sortie digne de ce nom, c’était raté.

@Evangeline Liddell

bien qu'evan ait toujours essayé de connaitre tout le monde du lycée personnellement, de ne pas juste se suffire des "on dit" et des "merci, de rien" polis, il y avait de ces gens dont elle n'avait encore jamais eu l'occasion de rencontrer proprement. non pas qu'elle n'aie pas essayé (enfin, en même temps, elle a tellement de choses à faire, parfois tout ça lui passe au-dessus de la tête). mais elle a beau remuer dans sa tête une occasion qui s'était présentée pour pouvoir parler à cawr, à part quand il est revenu au lycée après son accident, elle n'en trouvait pas. à part peut-être quand ils était plus petits ? et encore, elle n'en est pas sûre.
c'est que cawr n'est vraiment pas le genre de gamin vers qui elle irait instinctivement. typiquement le genre de personne dont elle sait qui ne veut pas la voir ou avoir affair à elle. comme deux aimants qui préfèrent se repousser. pourtant des aimants qui se repoussent ont le même pôle.

la remarque de cawr à sa question la surpris. mais pas tant que ça. c'est cawr qui serait probablement plus surpris qu'elle si il savait qu'elle-même était en fait une serpentard, d'après ce test dont evangeline doutait de la fiabilité.
il continuait sur son ton agressif. evan s'en était douté. Le genre de personne que cawr était, d'après une analyse d'evangeline liddell, ne pouvait pas se permettre de se montrer faible, alors il se devait d'attaquer en premier, pour spécifier un ascendant sur son interlocuteur. et evan se doutait bien, en plus de ça, qu'elle n'était pas un interlocuteur bienvenue.
son sourire habituel l'avait abandonné dès qu'elle avait parlé, remplacé par un regard inquiet et curieux. mais suite à la question réthorique que cawr lui avait lancé et à ses remarques acerbes, son visage était devenu lisse, son regard un peu plus noir. méritait-il vraiment la phrase qu'elle allait sortir tandis qu'il peinait à se sortir de cette conversation, son sac qui paraissait peser une tonne sur l'épaule ? "je suis présidente du conseil des étudiants. il est de mon devoir de m'intéresser à la vie de chaque étudiant pour savoir ce qui devrait être améliorer dans le lycée pour le reporter à l'administration." la phrase qu'elle ressortait souvent, sur des tons différents. ici, lancé au dos de cawr, elle était formelle, presque dure. comme si elle était déjà devant des centaines de vieux députés aux idées arriérées.
elle pouvait voir que cawr était dans une difficulté lié à son handicap. c'était dans son expression et dans la façon dont il avait repris son sac. ce n'était pas la première fois qu'elle l'avait aperçu à traîner de la patte. mais elle se doutait qu'il serait trop fier pour l'avouer, comme la plupart des gens qui vivent avec un handicap. "si par exemple, il y a besoin de déplacer certains cours au rez-de-chaussé ou de donner exceptionnellement une tablette au lieu de livres de cours pour facilité la vie de certains, je suis justement en chemin pour voir le proviseur, et je pourrais lui en parler." elle craignait la suite, s'attendait à un refus, évidemment, mais craignait surtout un excès de colère ou d'indignation qui ne devait pas avoir lieu dans les couloirs vides de l'école tandis qu'il y avait des cours derrière les portes des salles de classe qui les entouraient.

@cawr ingham

oops:

Evangeline, tu ne la connaissais pas vraiment, tu n’avais en fait rien contre elle hormis le fait qu’elle soit venue au mauvais moment, qu’elle ait eu l’occasion de voir tes faiblesses et tes blessures, ça faisait d’elle une cible à abattre. Au fond, elle n’en avait pourtant rien à faire de toi et tes problèmes, qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire ? Dans dix secondes, elle t’aurait oublié et l’histoire aurait prit fin à ce moment. Sauf que l’humain était profondément égocentrique, tous s’imaginaient être le centre de l’univers et le moindre accroc devenait véritable drama pour les uns tandis que les autres subissaient la déflagration sans même comprendre d’où elle provenait. Alors oui, la jolie blonde se prit toute ton agressivité dans la figure. L’avait-elle méritée ? non. L’avait-elle provoquée ? Sans doute un peu. Sans le savoir. Mais à sa décharge, ce n’était pas elle le problème, c’était toi et rien que toi. Au pire des cas, elle n’aurait qu’à se plaindre de toi auprès de ses copines et elles se contenteraient de lui dire que ce n’était pas de sa faute si tu n’étais qu’un pauvre con. Ouais, c’était bien la seule chose que tu risquais et franchement, t’étais près à prendre ce risque.
T’éloignant en claudiquant, les dents serrées de douleur et de frustration surtout, tu ne vis pas son regard se durcir, mais tu l’entendis belle et bien te rappeler qui elle était. Pas de quoi te faire trembler, bien évidemment, mais tu détestais qu’on fasse pression sur toi, d’aucune manière. Que ce soit par la menace, le chantage ou la flatterie. Rien ne trouvait prise sur ta personnalité tortueuse. “Ouais bah retourne bien sucer le dirlo alors, je m’en fous complètement” lançais-tu, plein de mauvaise foi et assez peu décidé à te montrer raisonnable. C’était un peu le problème avec toi, même quand tu touchais le fond, tu trouvais encore moyen de creuser. Parce que c’était plus facile pour toi, d’être méchant. Parce que c’était plus confortable de rester borné quand il te suffirait pourtant d’admettre qu’il existait d’autres moyens de communiquer.
Quand elle reprit la parole, tu t’arrêtais pourtant, mordant sauvagement dans ta lèvre. C’était dingue cette manie que t’avais de vouloir frapper ceux qui osaient te rappeler à quel point tu étais diminué, tout en espérant qu’ils ne lâchent pas le morceau. Parce que t’étais fier. Parce que t’étais pas une pleureuse. Parce que toutes les mauvaises excuses du monde. Tu soufflais en te retournant. “Arrête de te foutre de la gueule du monde, on va pas déplacer un cours pour une personne, on est pas dans un film Disney-là !” Ce n’était pas possible. Ça n’arrivait jamais en vrai et pour le fait d’avoir une tablette, tu y croyais encore moins. Personne n’avait envie de te confier quelque chose d’aussi cher. “Tu peux pas juste faire comme si tu m’avais pas vu et retourner à ta gentille petite vie ? J’sais pas moi !” sifflais-tu et pourtant, quelque part au fond de toi, tu avais envie de lui dire de ne surtout pas te laisser.

@Evangeline Liddell

evan n'avait pas trop l'habitude d'être confrontée à des situations où le ton de la conversation montait. elle voulait toujours éviter ce genre de conflit au maximum. elle était plus un pacificateur qu'un véhément orateur. et les grossièretés de cawr lui avait fait monté le rouge au joues et froncé les sourcils. elle détestait ce genre de commentaire.
pourtant, elle allait devoir s'habituer à devoir hausser le ton et encaisser les vives émotions si elle voulait faire carrière dans la politique. la politique était un combat permanent. et celui qu'elle était en train de planifier pour cawr, malgré lui et donc contre lui, en était un tout aussi légitime. et elle devait le gagner.
"pourquoi est-ce que tu baisses les bras comme ça ? pourquoi est-ce que tu n'utilises pas cette énergie pour défendre ton interêt ?" pour quelqu'un qui voulait montrer une image de personne forte, endurcie et inatteignable, il n'avait pas le comportement qui allait avec. et c'est bien là qu'evangeline pouvait décerner un cawr ingham vulnérable. "tu fais le mec fort mais tu abandonnes dès que tu trouves l'occasion ? exiger à être respecté malgré sa différence, c'est un combat, pas un signe de faiblesse." elle ne savait pas où tout cela allait mener, mais même si cawr prévoyait de la frapper avec sa béquille, evan au moins était assurée de pouvoir lui échapper assez rapidement.

@cawr ingham

Tu savais qu’elle n’y pouvait rien, Evangeline. Ce n’était pas de sa faute si elle était tombée sur toi quand elle aurait pu tomber sur n’importe quel retardataire de cette école. Elle n’avait finalement fait qu’appliquer un peu trop à la lettre ce que le principal lui avait demandé, espérant faire d’elle une parfaite petite pionne sans avoir à la payer pour. Et tu savais aussi qu’elle donnait tout ce qu’elle pouvait pour apaiser la tension et calmer la situation. Ça aurait pu marcher, ça aurait même du fonctionner sur n’importe qui, sauf que toi t’étais bien trop muré dans ta rage, prisonnier de ta propre colère en réponse aux douleurs. Celle de ta hanche et celles de tes tourments.
La blonde ne lâchait pourtant pas l’affaire, à croire que tu avais trouvé pire roquet que toi, si ce n’est qu’elle, elle ne rentrait pas dans ton jeu, s’accrochant à ses idées sans les laisser filer, sûre d’elle malgré les orages à passer. Tu devais admettre, elle avait de la patience, peut-être un peu de cran aussi. Mais ça te ne rendait pas plus doux pour autant et pour sa gouverne, tu avais horreur qu’on te tende la main quand tu ne l’avais pas demandé. Parce que tu n’étais pas encore prêt à reprendre ta vie en main. Parce que tu n’avais pas encore fait le deuil de celui que tu étais avant et parce que tu n’étais pas encore prêt à affronter la vie avec cette infirmité. Alors plutôt que de te calmer, faire patte blanche, tu le regardais d’un air sombre. “Mais de quoi tu te mêles en fait ?” grognais-tu, revenant d’un pas vers elle et Juno l’avait appris à ses dépends, ce n’était pas une bonne chose. Tes affrontements n’étaient que rarement sans conséquences. “C’est quoi mon intérêt d’après toi, la princesse, hein ? De passer encore plus pour l’handicapé du coin, même pas foutu d’aller en classe comme tout le monde ?” grondais-tu, la défiant du regard d’aller dire autre chose. Parce que tu haïssais ce regard qu’on te lançait, ce “Dommage” informulé que tu préfèrerais transformer en “connard !”. C’était sans doute idiot, mais à choisir, tu préférais rester maître de l’image que tu renvoyais, quitte à te saboter et ruiner tes chances de rédemption. “T’es qui pour décider ce que je dois faire ou ressentir ? Je t’ai pas demandé d’être mon porte-parole ! Et j’suis pas non plus ton projet d’élection de miss relou ! Pourquoi tu fais pas juste comme tout le monde, à faire semblant de rien ? Sérieux, ça convient à tout le monde, tu peux pas juste me laisser vivre ma vie ?” soufflais-tu, ne comprenant pas pourquoi elle insistant tant, pourquoi elle faisait de ton cas son problème. Tu n’étais même pas aimable, tu ne méritais certainement pas qu’on s’intéresse à toi, tu faisais même tout pour qu’on te tourne le dos.

@Evangeline Liddell

ce n'était pas dans les habitudes d'evan de se remettre en question. elle pensait toujours avoir la bonne réponse, la bonne solution lorsqu'il s'agissait d'aider les autres. comme si dieu les lui donnait naturellement. ce qui expliquait pourquoi la plupart des gens répondait favorablement à ses propositions d'aide ou services. rarement evan a été confrontée à des cas aussi anti-sociaux que cawr, avec une réponse carrément répulsive vis à vis d'un apport de soutien qui ne touchait même pas à de l'argent, mais juste à un remaniement des cours. (d'accord, elle pouvait lui accorder que le coup de l'ipad pouvait peut-être légèrement hors budget pour l'école, mais refaire un emploi du temps demandez juste un peu de... temps.)
ce n'était pas dans ses habitudes, donc, mais lorsque cawr fit un pas menaçant vers elle, evan se dit peut-être qu'elle n'aurait pas dû forcer. elle avait conscience que parfois, ses insistances et son acharnement pouvaient sembler lourds et insupportable, elle savait que bien qu'elle ait une réputation de fille gentille et agréable avec tout le monde, lorsqu'elle voulait se battre pour quelque chose on pouvait avoir envie de l'écraser comme un moustique. c'est probablement ce que cawr avait envie de faire juste à ce moment.
par réflexe, son corps s'est tendu en arrière. mais ses chaussures n'ont pas bougées de leur place. elle n'avait pas peur de cawr. peu de choses lui faisaient peur, et se faire menacer n'en était pas une. rien ne pouvait lui arriver. elle croyait de toute façon dur comme fer que dieu la protégeait.
elle observait le visage de cawr, déformé par une haine qu'elle voyait envers le monde, mais probablement envers lui-même. et elle voulait lui conseiller de se tourner vers dieu pour trouver sa paix intérieure, mais elle savait très bien comment ce genre de discours était souvent accueilli par ses camarades. "okay, très bien." elle n'avait pas oublié que le proviseur l'attendait à quelques pas d'ici et qu'elle détestait être en retard. "je me disais juste que ce pourrait être un poids en moins sur tes épaules, pour que tu puisses justement vivre ta vie plus facilement..." et puis, qu'est-ce qui l'empêchait d'en parler quand même au proviseur ? "mais c'est bon, j'ai compris. tu ne m'entendra plus parler de ça." mais peut-être la direction, elle espérait bientôt.
elle commençait à faire demi-tour, reprendre son chemin initial, avant de se retourner vers son interlocuteur pour lancer "de toute façon si jamais tu changes d'avis, je suis toujours là."

@cawr ingham j'ai paniqué mdr

Avant de te retrouver dans cet état, tu aurais probablement apprécié son attention, tu aurais pu mieux le prendre et peut-être même l’y encourager d’un haussement d’épaule pour feindre de désintérêt, mais aujourd’hui les cartes avaient été redistribuées et tu savais qu’avec ta pauvre paire, tu ne risquais pas de gagner la partie. Tu n’étais plus du côté des gagnants depuis bien longtemps et le combat qu’elle espérait mener ne t’intéressait pas. Tu n’avais pas envie de t’émanciper comme un élève différent des autres, comme un handicapé. Peut-être que tu avais tort, peut-être que ta vision du monde était erronée, bancale peut-être même, mais tu n’étais pas capable d’avoir le recul nécessaire et tu étais encore beaucoup trop dans la colère pour pouvoir en tirer quelque chose de positif.
Au fond, elle n’y pouvait rien la blonde, si elle était tombée sur un mauvais jour et si tu n’étais pas réceptif à ses bonnes intentions, peut-être qu’un autre aurait été plus simple à gérer que toi, dommage pour elle, c’était la mauvaise pioche. Tes menaces à peine voilées n’euront pourtant pas l’air de l’impressionner, mais au moins elle baissa ses armes, au moins un temps. Un “Okay très bien” qui aurait pu apaiser la situation, si elle n’avait pas poursuivi, insistant encore. Tu roulais des yeux, saoulé qu’une fois de plus, on se mêle de tes histoires, qu’on essaie de jouer la carte de l’empathie, à essayer de trouver le positif quand toi même tu ne t’étais pas encore relevé de ta chute. “Ouais ben tu te diras le jour où tu seras à ma place, ça pas l’air d’être le cas mais si tu continues à me casser les couilles avec ça, ça va arriver plus vite que prévu !” grondais-tu, excédé par son insistant à essayer de t’attraper quand tu n’essayais même pas de te retenir. Une chance qu’elle finit par abandonner la partie, au moins en apparence et tu soupirais imperceptiblement. “Merci, enfin ! C’était si compliqué que ça ?” ironisais-tu en levant le visage au plafond, à défaut de pouvoir voir le ciel. Cette dernière, résignée, sembla prête à partir et tu secouais de la tête avant de plisser des yeux et la pointer du doigts. “Et je t’interdis d’en parler à tes potes les anges !” lançais-tu avec une infime pointe d’humour histoire de pas finir sur une note si négative que ça. Parce qu’au fond, tu savais que ce n’était pas contre elle que tu étais en colère. Tu savais bien qu’elle voulait bien faire, être inclusive et bienveillante. Dommage que tu ne l’étais pas et qu’on t’avait appris à mordre plutôt qu’à faire le dos rond.
Quelque chose te disait que tu n’en aurais pas complètement fini avec elle.