— (event) the night is young (jazz) —

[ je suis désolé, je ne pourrais pas venir. on se voit demain, c’est promis. ] les yeux scotchés devant l’écran de ton téléphone, tu ne réalises pas encore qu’il vient de te poser un lapin. non il ne viendra pas, parce qu’il a forcément quelque chose de plus intéressant à faire que profiter de cette soirée avec toi. tu n’as plus le choix maintenant, c’est avec tes frères et sœurs que tu passeras la soirée. harlow et lilah s’étaient déplacées exprès en ville pour venir à la fête du lac. mais ça ne sera pas pareil sans lui. « t’as une sale gueule ! » te lance même rudy, adossé en chambranle de la salle de bain alors que tu n’as pas bougé d’un pouce. et ton frère s’avance, louchant sur ton téléphone pour en comprendre la raison. son visage change, de la moue moqueuse à celle compatissante, mais tu ne veux pas de sa pitié. « c’est bon, j’m’en doutais. » que tu mens dans l’espoir qu’il te laisse en paix. une pression exercée sur ton épaule, et il s’enfuit par la porte.

sans que tu ne saches vraiment comment, tu t’es retrouvé avec cosmo tout au bord du lac, il te montre son téléphone et toi tu te marres devant les memes, ça te permet même d’oublier que ciel ne viendra pas, te laissant seul encore une fois.
pourtant tu sais qu’avec celui que tu considère comme un frère, tu ne pourras passer qu’une merveilleuse soirée. c’est sûr que c’est pas calé dans le canapé devant fifa ou un vieux film de merde à la télé. c’est pas dehors avec alpha traînant dans vos pattes, c’est pas non plus dans le garage à recréer des morceaux insensés. mais ça te fait un bien fou d’être avec lui. t’en oublies la détresse que tu ressentais devant le message de ton meilleur ami. t’en oublies tout si ce n’est tous les souvenirs qui ressurgissent. « à c’t’heure-là, on aurait pu être sur scène au lieu de ces ploucs... » que tu marmonnes en soupirant. les projecteurs étaient pour vous, pas pour des pauvres cons qui gratte la corde pour la première fois. mais cosmo ne t’écoutes pas, il n’est même plus assis à côté de toi. t’as pas eu le temps de comprendre qu’il était déjà dans l’eau glacée du lac. et toi t’éclates de rire à t’en tordre le ventre en écoutant sa complainte. « on avait dit à poil, tu triches là ! » et tu perds pas une seconde pour le rejoindre, non sans te défaire de chaque couche de vêtement. T’as jamais vraiment été pudique, mais tu regrettes peut-être ton t-shirt et ton jean quand la différence de température te fige sur place. « oh bordel c’est gelé !! » mais tu ris parce que finalement, y’a bien qu’avec cosmo que tu peux faire ce genre de conneries.

t’éclates de rire gamin, quand il se rend compte enfin que tu ne portes que ta tenue d’adam dans l’eau gelée du lac. t’as jamais eu peur de finir à poil dans l’eau, ni même ailleurs pour un défi à la con. et ça t’amuse encore quand on te prend pour le plus calme de tous, quand t’es bien celui qui va toujours jusqu’au bout de la connerie. « t’imagines le buzz que ça ferait ? genre légende de la ville, dans les profondeurs du lac, la poiscaille suce la bite des pauvres inconscients en mal de sensations. » t’étouffes ton rire quand toi aussi tu vois la lumière d’une lampe torche, faut dire que vous n’êtes pas très discrets, vous gloussez comme des dindes, vous criez presque pour vous entendre, et vous ne faîtes que bouger, créant du mouvement dans l’eau.
t’as pas trop le de comprendre ce qu’il t’arrive que tu te retrouves coulé vers le fond. tu aurais eu le réflexe de te débattre si tu ne connaissais pas l’urgence de la situation. bizarrement, tu ne le sens pas, ça te paraît presque trop facile d’échapper au vigile qui fait sa ronde autour du lac. peut-être que ça l’aurait été si ce n’était pas avec cosmo que tu te trouvais. ton ami glisse son doigt vers ta narine et toi tu le sens venir. pour sûr, tu finiras par éternuer. manquant d’air à cause de ses conneries, tu remontes le premier à la surface. personne à l’horizon, tu lui colles une tape à l’arrière du crâne - - ou c’était peut-être en plein sur la joue, tu sais pas trop. en tout cas, ça l’alerte à remonter la tête. « t’es malade toi ! manquerait plus que je me fasse choper pour atteinte à la pudeur. le comble pour le fils du shérif putain. » mais tu peux pas t’empêcher de rire, car si l’idée n’avait pas fleuri dans la tête de cosmo, c’est sûrement toi qui l’aurais eu. comme chien et chat, toujours à mettre l’autre dans l’embarra pourvu que l’un de vous s’éclate. tu soupires, repensant soudainement que l’eau est vraiment froide, ce qui t’arrache un frisson. « j’crois que j’vais aller me rhabiller avant de tomber malade, mais toi… » tu t’approches dangereusement, te faisant lion devant sa proie. t’as la mine de ceux qui cherchent la vengeance. « t’es mort ! » que tu lâches subitement, appuyant sur sa tête pour le couler à ton tour. il mériterait bien de boire la tasse pour la peine. toi t’es comme un con à te dépêcher de regagner la rive, pourvu qu’il ne te rattrape pas.

t’as l’avantage de ne porter aucun vêtements pouvant t’alourdir quand tu traces à la nage vers la rive, la respiration altérée par les rires. tu veux le fuir avant qu’il ne te rattrape car la vengeance ne sera que bien pire, mais t’as le malheur de ne pas être assez rapide. il te tacle superbement et tu tombes sur le dos, le boxer à peine enfilé. tu trembles de froid et la masse mouillée qui te surplombe n’est pas là pour t’aider à te réchauffer. « jamais ! » que tu réponds les larmes venant se mêler au rire. tu peux pas garder le sérieux dans une telle situation. tu captes pas trop que vous pourriez attirer les curieux, ça te parait pas si bizarre qu’il soit comme ça au-dessus de toi, même si t’es presque à poil. « ja- mais. » que tu répètes en le repoussant de toutes tes forces. t’as le temps de le déséquilibrer pour renverser les positions et t’en profites pour enfiler ton t-shirt. « t’as pas honte de t’en prendre à plus jeune que toi ? » que tu demandes séchant les perles salées qui coulent de tes yeux. y’a vraiment qu’avec lui que tu peux faire de telles conneries.
vos amis ratent vraiment quelque chose, finalement comme à chaque fois. mais tant pis, avec cosmo tu t’amuses et c’est bien le principal. « tu vas regretter d’être né hendricks. » que tu lâches en commençant à te relever. cosmo allait forcément rester dormir chez toi, et t’avais assez d’imagination pour le faire chier toute la soirée.