— Elijah Lynch || Chittaphon Lee —

//Natasha Bedingfield - Unwritten//
"Today is where your book begins. The rest is still unwritten"

• Ses premiers pleurs se firent entendre un 2 mars dans l'effervescente San Francisco. Le géniteur thaï était absent dû à la multitude de problèmes familiaux créés par son attachement à une femme chinoise. Les deux familles avaient refusé l'union et avait convaincu la mère de donner son fils en adoption. Elle avait choisi les Lynch pour leur bon coeur et leur authenticité.

Bien qu'ils avaient fait le voyage en voiture pour assister à la naissance de leur futur enfant, Jack et Catherine furent respectueux et attendirent l'autorisation de la mère pour venir rencontrer le bambin même s'ils étaient fébriles jusqu'au bout des doigts. Ils prirent le temps de s'informer sur l'état de la mère, si l'accouchement s'était bien passé, si elle avait besoin de quelque chose et même si elle était toujours sûre de sa décision. Catherine surtout était partagée sur ses sentiments. Heureuse de pouvoir réaliser son rêve d'être mère, mais déchirée à être témoin d'une femme qui devait se séparer de son enfant. La mère assura que c'était la meilleure option et dit son adieu à celui qu'elle avait porté pendant 9 mois.

Depuis, les Lynch n'entendirent aucune nouvelle de la mère biologique d'Elijah. D'abord anxieux qu'elle allait changer d'idée, puis le sentiment inconfortable d'avoir "volé" un enfant s'atténuèrent avec le temps. Les premières années passèrent et ils ne pouvaient être plus heureux. Des premiers pas, aux premiers mots, à la première coupe de cheveux, tout était un nouveau moment magique pour la petite famille.

C'est en observant son mari danser et chanter - sans talent - sur Unwritten avec leur fils que Catherine se dit qu'elle avait de la place pour un deuxième enfant. Ils avaient de l'amour à revendre et elle voulait tout partager.

//P!nk - Stupid Girls//
"Maybe if I act like that, flippin' my blond hair back, push up my bra like that. I don't wanna be a stupid girl"

• Du moment où les cerveaux commencent à se modeler plus concrètement, que les visions du monde s’éclaircissent en un ramassis d'idéologies inculquées, Eli se senti différent.

À la maison, il s'articulait comme il le voulait, essayait les talon-hauts de sa mère, s'époumonait à propos des princes de Disney - surtout sur Shang qui était son préféré - et tout ce qu'il était semblait normal pour sa famille. Cependant, à l'école, on commençait à juger ses goûts et sa manière de s'exprimer. Les enfants ne voulaient probablement pas être méchants, mais le taquinage sema un doute dans l'esprit du garçon. Pourquoi est-ce que les autres riaient de lui ? Il comprenait pourquoi certains s'amusaient à étirer leurs paupières, car ses parents avaient eu une conversation à ce propos. D'ailleurs, il remettait à leur place les rares qui osaient rire de ses yeux bridés... autant qu'un enfant de 7 ans peut se faire.

Suite à de nombreuse réflexions, Eli finit par demander à ses parents autour de la table. Jack et Catherine n'avaient pas été aveugle à la suite des événements, mais avaient évité le sujet pour des raisons évidentes. Pour eux, leur fils n'était pas "différent" des autres enfants, point barre. Seulement, ils comprirent que même s'ils voulaient instruire que l'identité sexuelle ou l'orientation sexuelle n'avaient aucune importance dans leur monde, ça en avait pour certains. Alors ils eurent la conversation de manière simplifiée. Tu as un ami que tu aimes beaucoup, pas vrai ? Que penses-tu des filles ?

- Girls are stupid.

Le dégoût sur le visage du garçon de 7 ans amusa les Lynch, mais Jack continua. Il expliqua à son fils que peut-être cela allait changer, peut-être que les filles allaient devenir intéressantes ou peut-être pas. Si son opinion ne changeait pas, cela faisait de lui quelqu'un de spécial, quelqu'un dont les gens ne sont pas habitués de rencontrer.

- I want to be shpecial !

Catherine rit à voir les yeux illuminés de son fils, bien que la réaction ne l'étonnait pas. On parlait bien d'un garçon qui cherchait constamment à être au centre de l'attention. Elle s'approcha de son petit amour et embrassa ses cheveux avant de le serrer fort malgré les plaintes du petit homme. Elle lui assura qu'il était déjà spécial. 

//Linkin Park - Bleed it out//
"Truth is you can stop and stare. Bled myself out and no one cares"

• La puberté est une période difficile pour plusieurs. On se cherche, on ressent tout à 150% et donc tout éclate plus gros. Eli avait compris qu'il était attiré par les hommes plus que les femmes vers ses 12 ans, mais cela ne voulait pas pour autant dire qu'il appréciait l'idée.

Période Linkin Park, Evanescence, My Chemical Romance, Billy Talent, Breaking Benjamin.
Période de colère, de questions existentielles, de doutes, d'incompréhension.

Pourquoi lui ? Pourquoi devait-il être spécial ? Pourquoi ne pouvait-il pas désirer les filles comme tous les autres de son âge ? Et il essaya. Il essaya de se fondre dans la masse en réduisant le mouvement de ses mains lorsqu'il parlait, en se contentant des sujets de conversation des garçons de son âge, mais il ne trompait personne. Pris entre deux mondes. C'était suffocant et intolérable.

Sa soeur le retrouvait souvent dans sa chambre en train de coudre sauvagement quelque chose, les larmes au visage tout en écoutant l'album Minutes to Midnight à tue tête. Un de ces fameux soirs, malgré ses propres problèmes, malgré leurs disputes entre frère et soeur, elle fit son entrée. Au diable les paroles douces et réconfortantes de leur parent, ça ne servait visiblement à rien. It was time for some tough love. Et c'est ce qu'elle fit. Elle secoua son frère dans tous les sens du terme et lui offrit un monologue rempli de passion. Il préférait les hommes, so fucking what ? Il devait cesser de se courber le dos sous les regards. Be proud, qu'elle disait, be loud !

Rien d'étonnant que ce moment changea leur relation à jamais. Bien sûr, les disputes sur qui a mangé le dernier biscuit ne se dissipèrent pas, mais dès qu'ils quittaient leur demeure, ils étaient soudés.

//JJ, AG, NM - Bang Bang//
"She might've let you hold her hand at school, but I'mma show you how to graduate"

• Suite à quelques mois d'ajustement, même peut-être allant plus d'un an, Eli travailla sur sa carapace avec l'aide de sa soeur. Au début, il avait peur de rendre sa situation pire en devenant encore plus vocal, en s'engorgeant d'encore plus d'attitude. Oui, ça empira sur le coup, mais il tint bon montrant que rien ne l'atteignait. Ses répliques s'améliorèrent, sa peur s'amoindrit et bientôt il rejoignait l'équipe de cheerleading. C'est grâce au sport qu'il raffina sa confiance en soi et plus important, c'est ainsi qu'il devint véritablement fier. Les mouvements exagérés, toujours plus grands, les sourires toujours plus larges, l'énergie toujours au max et l'assurance. S'ils en manquaient, coach n'hésitait pas à le pointer et en demander davantage.

Faire parti des filles aida à son intégration. Il les défendait bec et ongle si on parlait dans leur dos et elles lui offraient une place au sein de leur groupe. Prêt à écouter les histoires de garçons, les joignant même avec joie, apprenant quelques trucs à propos du maquillage et comment tenir une coiffure toute une journée, il adorait cette vie. De plus, il apprit à réellement les apprécier. Elles n'étaient pas artificielles, elles soignaient leur image tout en ayant de grands projets intellectuels.

Il garda tout de même plusieurs secrets juste pour lui. Par exemple, il n'avoua jamais quand ni comment - surtout avec qui - il avait perdu sa virginité. Il garda ses rares partenaires sous silence, car la plupart ne voulait pas être découvert surtout voyant à quel point il avait eu de la difficulté à se faire respecter un minimum. Un avait même une petit-amie... oups ? Bon, c'était plaisant tout ça, mais ça finissait par peiner Eli qui ne pouvait rien partager ou même tenir la main d'un autre en publique.   

Ariana Grander - 7 Rings
"I see it, I like it, I want it, I got it"

• Aujourd'hui, Elijah M. Lynch transpire l'assurance. Plus rien ne l'atteint ou presque ce qui a ennuyé la plupart de ses "haters". Il a fait sa place dans la petite ville, donc a calmé son jeu. N'ayant plus besoin de forcer les gens à le remarquer, son style vestimentaire est devenu plus doux, plus ou moins hipster et la couleur de ses cheveux varie entre des teintes naturelles. Seuls ses ongles restent peint par habitude. Même ses maniérismes efféminés ont descendu de 45% ce qui est très acceptable selon lui. Il accepte la personne qu'il est 350 jours sur 365 (366 si c'est une année bissextile) et il accepte qu'il n'aura probablement jamais le beau prince charmant.

Il compte sur lui-même et sur ses magnifiques parents avec qui il organise de folles soirées karaoke ainsi que des soirées de visionnement de RuPaul's Drag Race et de Bachelor/ette. Le nid d'amour l'étouffe parfois et il grogne en recevant les embrassades, mais il connait sa chance.

Qu'est-ce que le futur a à lui offrir ? Il ne sait pas encore. L'université ? Peut-être. La grande ville ? Sûrement. Quand ? Il l'ignore.
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• Il parle en citant ses memes et vines préférés tels que: Bitch, where ? / Ain't nobody got time for that / Fuck this shit I'm out / Try me, bitch / etc.
• Occupé à faire n'importe quelle tâche, il va souvent se mettre à marmonner la chanson Mii.
• Il a 6 piercings, trois sur chaque lobes même s'il ne les utilise pas tous les jours.
• Les Lynch ont un chat de 8 ans au nom de Booboo qui possède une robe orangée et blanche, avec un petit bedon.
• Il a eu quelques petits emplois dans la ville. Plus récemment, il a quitté Chez Jackie's il y a 2 ans suite à une explosion de sa part contre un groupe de client qui se payait sa gueule. Sans dire un mot de plus à Jackie, il a remis son tablier sachant que s'il restait, elle allait en souffrir.
• Lorsqu'il a ramasser son courage pour rencontrer Helga plusieurs mois plus tard pour la supplier de lui offrir un travail, il avoua avoir appris de ses fautes et promis de travailler davantage sur son caractère. Il fut soulagé lorsque la magnifique femme accepta de le prendre en tant que serveur.
• Avec l'ère de la technologie, il en a profité pour devenir quelque peu populaire sur Instagram sous le nickname @I-lie. Selfie master, qu'il s'auto-proclame. Il attire ainsi les yeux de quelques hommes au travers du pays ce qui flatte son égo plus que tout et lui fait rêver de la grande ville où ses options seraient bien plus vastes.