— Warren Hopkins || Wentworth Miller —

Juste un gamin turbulent… C’est tout ce qu’il était Warren. Ça et victime d’une poussé de croissance ridicule quand l’adolescence a commencé à frapper à la porte. On aurait dit un pantin désarticulé parfois. Jamais très attentif en classe, déjà quand il était tout petit. En plus, il était toujours à traîner avec le môme de Billy Harvey quand il surveillait pas sa petite sœur ; turbulent ouais, mais un brave gamin. De vrais inséparables les deux. Jusqu’au jour où le fils Harvey l’a massacré. C’est ce qui se dit. Mais c’est faux. Ren se souvient qui l’a roué de coups, lui a pété le bras et surtout pourquoi. Il a jamais pu le sentir le père de Gabriel, il a toujours vu les bleus, les coups, le regard mauvais du vieux. Un vrai salopard. Il l’a toujours détesté, ça a rien arrangé. Alors forcément, Ren, il s’est mis à chercher le vieux, à le défier, à continuer à traîner avec Gabriel même si ses parents n’arrêtaient pas d’essayer de les séparer. Pas comme si ça avait marché d’t’façon. Ou plutôt, c’est pas eux qui ont fait le taf, même si le déménagement a marqué les esprits. C’est Gab. Ce putain d’enfoiré. Il aura fallu à Ren quelques années pour comprendre que c’était peut-être la seule solution, n’empêche que ce serait pas la seule fois que ça arriverait. Gab qui suit sa route et Ren qui reste derrière.

Qu’est-ce qu’il s’est pas attiré comme emmerdes après ça. Jusqu’au jour où un des vieux flics à la retraite l’a coincé et l’a obligé à l’écouter. L’idée de devenir flic, elle est venue de là. Et il l’est devenu, flic. Y en a plus d’un que ça a fait marrer, mais ses parents étaient fiers, et sa sœur jalouse. Rien de nouveau. Warren croyait franchement qu’il pourrait aider. Il a mis quelques années à déchanter, mais c’est arrivé et ça a commencé à se voir. Toujours plus sec, plus violent avec les parents qu’on soupçonnait de frapper leurs gamins, ou avec les mecs qui se croyaient les plus forts en battant leur femme ou leur copine. Ses supérieurs ont jamais trop osé rien dire, parfois ça donnait des résultats. En plus, tout le monde savait que le mec de sa sœur était une raclure. Que les deux Hopkins s’entendent ou pas, la famille ça compte. C’est pour ça que personne a relevé quand enfin un jour, ils ont pu coincer le mec. Même si Ren souriait. Tous ses collègues ont toujours su que s’il avait pu le butter et s’en tirer, il l’aurait fait. Pareil quand il cherchait la merde avec le vieux Harvey. C’est pas comme si personne savait que les deux pouvaient pas se sentir, même si personne a jamais su pourquoi. Ren a toujours fait ça bien au moins, pas moyen de le coincer pour harcèlement.

Et Warren s’est calmé un temps. Parfois aperçu en compagnie d’une femme ou d’une autre. Jamais la même. Ça a spéculé dur sur son dos à cette époque, mais personne a jamais eu le fin mot de l’histoire. Il était là pour les autres, mais il était pas du genre à se laisser approcher facilement. Même quand sa mère est morte, il a choisi de tout gérer avec son père. Sa sœur… ça faisait un bail qu’elle avait déjà mis les voiles. Se rapprocher de la taule de son mari. Y a des gens qui aiment leur misère. Ren y pouvait rien. Puis tout est parti en couille… alors il a décidé de se tirer de Twadogs Hill, de quitter la police, de devenir un de ces mecs que ses anciens collègues méprisaient tant. Traquer et ramener les criminels pour de l’argent. Pour lui, il était juste temps de s’éloigner, de prendre du recul. C’est pas comme s’il avait quelqu’un à part son vieux, c’était facile. Et justement, son père l’a encouragé à partir. Que ça lui ferait du bien de voir du pays, même si c’était pour chasser ceux que la justice avait pas pu garder. Ren a regretté son choix une seule fois. Quand son père est mort, seul. Mais il s’est pris un taquet d’outre-tombe à la lecture du testament, ça a pas duré longtemps. Il est reparti comme il était revenu après ça, sans prévenir.

Si on se souvient de Warren à Twadogs Hill, c’est facile de s’étonner de voir la vieille baraque éclairée le soir. Y a une patrouille qui a voulu s’assurer que personne squattait. Mais non. C’était Ren. Un Ren fatigué et plus amer que jamais, mais Ren quand même.

« Tu restes combien de temps Warren ? » Un ancien collègue et une nouvelle gueule à peine sortie de l’académie.

« J’en sais rien. Retaper la baraque pour qu’elle tombe pas en ruine. Puis on verra. Un problème avec ça ? »

« C’est chez toi Warren. Tu sais où nous trouver si t’as besoin d’aide. Et au fait… T’es pas le seul de retour. Gabriel aussi. »

Il a rien répondu Ren, y avait rien à répondre. Sauf peut-être quand il a été seul. Et si c’est une bordée de jurons et de malédictions qui ont passé ses lèvres, y a eu personne pour entendre.

« Chez moi… et Gabriel. Home sweet home… » … « Connard. »