— symphonie de pls en ré mineur | swann —

il avait attendu ce moment depuis longtemps. trop longtemps. trois jours, pour être plus précis. swann lui avait proposé un rencard, un date, et river, lui, s'était peut-être un peu trop emballé, mais il était content, vraiment content, de pouvoir passer plus de temps avec lui.
alors il s'était préparé pour l'occasion, il avait sauté dans le lac (avait pris une douche chez cody) et avait sorti ses plus beaux vêtements, sans doute volés. rapidement, il s'était rendu au ranch pour le retrouver, et même s'il était peut-être un peu tôt, il avait osé espéré que son ami serait chez lui.

évidemment, ce dernier semblait avoir oublié, ça aurait pu vexer l'gamin, mais il s'inquiétait plus qu'on le trouve devant le ranch. il fallait dire que ça faisait des années que sa présence ici n'était plus vraiment tolérée.
alors pour ça, river en voulait à swann, qui lui conseillait de se cacher derrière un cheval en attendant son retour au ranch, soit à peu près une heure, et, sans prendre le temps de réfléchir, le blond s'exécutait immédiatement, espérant bien que le dit cheval reste immobile en attenant que l'autre arrive.

mais le temps commençait à se faire long, et river se demandait bien si son ami n'était pas plutôt en train de se payer sa tête. il comprenait toujours, seulement, il mettait trop de temps à le faire, en y repensant, il était fort probable que swann débarque comme une fleur, en s'foutant de sa gueule, la caméra de son téléphone tournée dans sa direction.

et il s'impatientait, le gamin, serrait son téléphone. seulement dix minutes étaient passée, mais il voulait l'voir, et puis, ça commençait à puer dans le boxe, il n'allait pas passer sa soirée là-bas. il saisissait son téléphone, une mine agacée collée au visage, et tapait sur son clavier : "tariv la ? sa me soule jeu san le chevale."

@swann fowler

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With your feet on the air and your head on the ground
Try this trick and spin it, yeah
Your head will collapse
But there's nothing in it
And you'll ask yourself
Where is my mind? ☾☾

t’es un enfoiré swann, c’est plus à démontrer. le nez collé à la fenêtre de la chambre d’ami, tu t’marres en scrutant la silhouette de river plantée devant le portail, zoomant sur ton téléphone pour tenter de capter le changement d’humeur sur le visage du blond. p’tit égoïste, particulièrement satisfait à l’idée qu’il serait prêt à t’attendre plus d’une heure dans un lieu hostile où il est désormais persona non grata, indifférent à l’angoisse inutile que tu génères probablement. surtout au sein des écuries où tu l’envoies directement se réfugier, éclipsant totalement le fait que s’il se fait surprendre par ton paternel là-dedans, ça ravivera sans aucun doute le souvenir douloureux des bêtes en fuite dont l’une d’elle n’avait jamais été retrouvée. mais ton père, s’il avait réagi plutôt abruptement sur le coup, avait probablement regretté. pas autant qu’toi, mais tu l’avais entendu s’appitoyer sur cette décision qu’ils n’auraient jamais dû prendre, celle pour laquelle tu n’avais pas pensé qu’ils opteraient. radicale, aux conséquences dévastatrices. il s’était même hasardé à t’interroger sur river à plusieurs reprises, inquiétude certainement motivée par un sentiment de culpabilité que tu connaissais bien. et, parce que tu n’voulais pas être le seul à l’éprouver et que t’estimais qu’il ne le méritais pas, tu ne l’avais jamais apaisé, préférant larguer une remarque désobligeante du style “comme si t’en avais quelque chose à foutre.” de toute façon ce serait un mensonge, de lui certifier que river va bien, que l’expulser du ranch n’avait pas eu d’impact significatif sur son existence. parce que ça avait même failli le détruire de façon permanente, l’estomac rempli de saloperies. mais t’avais estimé que même si tu voulais que ton père souffre plus que toi, cette culpabilité là était entièrement la tienne. alors t’avais simplement réglé les frais d’hospitalisation sans jamais rien dire à personne, ponctionnant le compte bancaire ouvert à peine quelques mois plus tôt pour fêter ton dix-huitième anniversaire. tu t’souviens encore la leçon d’morale interminable pour tenter de t’expliquer la valeur de l’argent que t’avais prétexté avoir dépensé pour des soirées, un nouveau skate et des putes. ça avait sans doute contribué à ta situation actuelle d’esclave de jackie, contraint et forcé de bosser pour racheter tes fautes. finalement, tout ça n’était peut-être qu’une question de karma.
le téléphone vibre pendant que tu t’emploies à fourrer la bouteille d’eau dans le sac que tu jettes sur tes épaules, rire qui résonne dans la cuisine. au pire c’est pas très grave, c’est pas comme si t’étais pas habitué à l’odeur des équidés. t’as pas conscience que river il a fait des efforts pour être propre et sentir bon, ruinés en dix minutes à cause de ta vanne pourrie. aussi tu débarques comme une fleur depuis l’intérieur de la maison, ce qu’il peut parfaitement constater et ce dont tu n’te caches pas. c’est presque si tu n’lâches pas un “surpriiiiise”, la gueule fendue d’un sourire taquin. alors, t'as fait connaissance ? c'est un cheval unique, hein ? s'tu veux un date avec lui la prochaine fois hésite pas à m'demander. tu t'fous un peu d'sa gueule, comme si ça n'suffisait pas de l'avoir mené en bateau. puis tu l’détailles de haut en bas, lèves un sourcil en constatant que river a opté pour un jogging clairement trop chaud et des godasses que ton programme du jour va clairement réduire en miettes. t’aurais peut-être dû préparer des fringues à lui prêter, c’est un truc auquel il faudra penser la prochaine fois. tu crois que j’t’emmène voir quoi du coup ? ça t’intrigue un peu, de savoir ce qui a pu lui traverser l’esprit. et t'entames la marche en direction de la forêt, l’encourageant à te suivre d’un mouvement de tête.

Please don’t expect me to always be good and kind and loving. There are times when I will be cold and thoughtless and hard to understand.

ça ne lui plaisait vraiment pas, cette situation. caché derrière un cheval, chez les folwer, il n'était plus le bienvenu au ranch, même s'il était déjà venu, en cachette, trouver refuge dans la chambre de swann plus d'une fois, il évitait tout de même de s'approcher du ranch de trop près, surtout lorsqu'il faisait encore jour, il avait peur de croiser le père de swann, il avait peur d'avoir à se justifier auprès de lui, peur d'affronter son regard après tout ce qui s'était passé.

pourtant, pour swann, il était prêt à attendre une heure qu'il arrive, même si ça le gonflait, même s'il puait le cheval, si c'était pour swann, ça allait, ce n'était pas si grave, il devait juste faire attention, et puis il avait tellement hâte de passer du temps avec lui, ça faisait longtemps qu'ils n'avaient pas pu se retrouver, juste tous les deux.

alors, lorsqu'il l'entendait rire de la cuisine, son cœur se mis à battre, fort, d'agacement. salaud ! pensait-il. i lavait envie de l'engueuler, bien fort, et l'autre continuer de se marrer, c'était clairement de la provocation ! "j'vais te tuer, swann." qu'il disait, en râlant. déjà qu'il puait, en plus l'autre l'avait roulé dans la farine. "j'suis sûr que lui, au moins, il est gentil, pas comme toi. j'te hais." ce n'était pas vrai, il ne pouvait pas le détester, jamais.

et l'gamin s'éloignait vite du ranch, se sentait soudainement soulagé une fois en dehors de cet endroit. il regardait son ami, évidemment, il avait réfléchi à la question mais n'avait absolument aucun idée de ce que swann voulait lui faire faire, il avait pourtant retourné le truc dans tous les sens. "j'sais pas, tu m'emmènes voir les putes des bois ?" pourquoi pas, après tout, il devait forcément se passer des choses incroyables dans la forêt en cherchant bien. "j'espère que c'est pas ça, j'me serais fait plus élégant sinon." il aurait mis une des jupes d'esme, peut-être une belle chemise aussi, il aurait été parfait. "vas-y dis, j'veux savoir à quoi m'attendre au moins." car la curiosité le démangeait trop, car il voulait se préparer, même si au fond, ce qu'ils allaient faire l'importait peu, puisqu'il passerait toute sa soirée avec ce débile. il ne pourrait que s'amuser, quoi qu'il arrive.

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With your feet on the air and your head on the ground
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But there's nothing in it
And you'll ask yourself
Where is my mind? ☾☾

il s’énerve river, tout rouge. profère des menaces de mort qui t’font rire, l’indifférence clairement affichée. c’est pas comme s’il était crédible, même si t’as un peu peur au fond, qu’river il rompe son engagement. qu’un jour, il arrête de faire les efforts qu’il t’a promis cinquante fois. qu’il se lasse lui aussi de tes caprices, de tes saloperies. même si c’est un putain d’privilégié, comportement d’connard largement limité quand t’es à ses côtés. tu t’enfonces dans la forêt, river sur les talons. son hypothèse formulée alors que tu bifurques au milieu de la végétation, t’écartant de la route principale. les quoi ? y’a des putes dans les bois ? tu crois pas que river il ait déjà picolé aujourd’hui, c’est vraiment trop tôt même si avec lui, ça n’t’étonnerait pas vraiment. alors tu veux bien lui accorder le bénéfice du doute, parce que ça serait pas non plus une surprise qu’il s’passe des trucs chelous dans les bois. t’envisages la possibilité de n’jamais avoir été informé d’un truc pareil, surtout si les putes sont des meufs. c’est pas comme si ça t’intéressait les gonzesses, encore moins les prostituées. river en revanche, il a l’air particulièrement au courant. c’est carrément suspect, ça arrache un p’tit regard jeté derrière l’épaule. ça t’revient comme un boomerang, les réflexions, les réaction, les confessions. le blond qui t’avoue à demi-mots baiser un peu n’importe qui, qui t’envoies une photo d’sa teub comme s’il diffusait un selfie d’chat. il fait pas le trottoir quand même river, avec ses potes les putes des bois ? s’il avait besoin de fric à ce point là, il t’aurait demandé non ? non, te voile pas la face swann. c’est pas comme si tu lui avais renvoyé l’image du type sur lequel il peut compter. il te l’avait bien fait remarquer cody, que c’est l’inverse que tu transpires par tous les pores de la peau. surtout en c’moment, que tu gémis à qui veut bien l’entendre que tes parents sont des sales bâtards qui ont vidé ton compte en banque. mais pour river, tu trouverais de l’oseille à gratter. tu l’avais bien fait une fois.
la progression devient plus difficile à travers les arbres resserrés, les prunelles qui s’posent au creux de racines épaisses. p’tain mate, des lépiotes. c’est trop bon ça. tu t’accroupis pour cueillir un champignon marron pâle, brandi entre tes doigts comme un trophée. tu les as étudiés, un week-end du mois de février. bouquin dérobé dans la bibliothèque de papa, recouvert d’une couche de poussière suffisamment épaisse pour que t’en conclus que personne n’avait jamais dû y toucher. t’avais passé les trois mois suivants à ramasser et cuisiner les bolets, morilles et cèpes débusqués pendant tes explorations. la ride entre les deux yeux qui s’creuse sur ton visage. par contre ils ont pas cette couleur d’habitude, c’est bizarre. c’est faux. ils ont toujours cette couleur. tu pourrais identifier le moindre brin d’herbe à vingt kilomètres à la ronde, épeler son nom scientifique et ne jamais te tromper. tu cherches juste à l’faire flipper avant de croquer dans le champignon. tu dégustes tranquillement avant que le sourire s’évanouisse de tes lèvres, salive difficilement déglutie. tu suffoques swann, accroches ta main à l’écorce comme pour éviter de basculer. tu t’laisses tomber au pied du sapin, les doigts enroulés autour de ta gorge, le regard paniqué. j’peux plus … j’peux plus … res ...

@river bradbury

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même s'il était énervé, river, d'avoir attendu comme un imbécile, pour rien, il restait heureux de passer du temps avec lui, car c'était toujours un peu fou, car ils n'avaient pas vraiment de limites, lorsqu'ils étaient tous les deux, car ils faisaient tout, et surtout n'importe quoi, et dire qu'avant, ils ne s'entendaient pas... pourtant, river lui avait fait une promesse, une promesse qui comptait énormément à ses yeux, car il espérait désespérément que swann l'apprécie, et depuis toutes ces années, il n'avait jamais foutu en l'air cette promesse, il avait toujours fait attention, pour que ça fonctionne, pour que cette amitié ne s'arrête pas. swann avait beau être... ce qu'il était, river, lui, ne voulait pas tout gâcher, tout saboter, il fallait dire qu'il était particulièrement doué pour ça, et c'était un miracle que le brun soit encore là pour le supporter.

enfin, ils étaient partis vers la forêt, et plus les secondes passaient, plus river s'impatientait. où allaient-ils ? qu'allaient-ils faire ? swann avait déjà prévu quelque chose puisqu'il lui avait bien dit comment il devait s'habiller, alors c'était d'autant plus frustrant, river voulait tout savoir. il évoqua même les fameuses putes des bois, véritable légende urbaine du squat de twadogs hill, certains camés avaient juré en avoir vu en se promenant dans la forêt, river, lui, n'en n'avait jamais vu, mais il ne désespérait pas, si on disait qu'elles existaient, c'est que c'était certainement vrai ! "à ce qu'il parait, c'est charles qui m'la dit la dernière fois." mais charles n'était pas vraiment quelqu'un de particulièrement fiable, et il était fort probable que tout ce qu'il lui avait dit n'était qu'un gros mensonge.

et ils avançaient, toujours un peu plus dans la forêt, le passage s'avérait plus compliqué, mais river était habitué, il passait beaucoup de temps dans cet endroit-là de twadogs hill, rien que pour le calme, et parce qu'il pouvait consommer sans se faire chopper par les flics, c'était plus safe. swann s'arrêtait, pointait du doigt des champignons. des lépiotes, et si river ne connaissait pas les noms des champignons, il savait que ceux-là étaient comestibles, combien de fois il en avait ramassé pour les manger ensuite ? alors, lorsque son ami lui annonçait qu'ils n'avaient pas cette couleur habituellement, river haussa un sourcil. il pouvait être naïf, mais il n'était pas non plus débile. ce qui vint ensuite ne fit que confirmer ses doutes.

son pote se foutait de sa gueule.

et rien que pour le prouver, le gamin ramassait un champignon. "regarde moi." et il le mangeait, sous ses yeux ébahis. il ne l'aurait pas ce coup-ci. "tu m'prends pour un con fowler, tu vas pas t'en tirer comme ça, j'vais me venger." qu'il lui répondait, un grand sourire collé aux lèvres, réfléchissant déjà à comment lui rendre la pareille. "au lieu d'faire le débile, dis moi c'qu'on va faire ! allez ! c'est si dur d'attendre !" un vrai gamin qui faisait son caprice.

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t’es persuadé que ton petit manège va fonctionner, que river va flipper, s’inquiéter, accourir pour te secourir. espoirs rapidement déçu alors que le blond s’empare d’un champignon pour le gober d’une bouchée. tu l’observes interloqué, mâchoire qui se décroche, expression qui se fige pour cesser ton cinéma. p’tain mais t’es vraiment … suicidaire. t’allais dire suicidaire mais les mots restent coincés dans la gorge. parce que c’est déjà arrivé, l’envie de s’faire faucher. de tous vous abandonner, de t’abandonner toi. le seul à qui t’en avais pas voulu d’avoir essayé d’t’échapper, parce que pour le coup tu l’avais bien mérité. … mignon quand tu boudes. t’attrapes sa joue entre ton index et ton pouce pour la tirer un peu, comme une grand-mère qui complimente son petit-fils après des années d’absence. parfois tu te demandes s’il regrette, de s’être foiré. si les comportements auto-destructeurs témoignent d’un peu d’importance qu’il accorde à sa vie, ou si c’est juste qu’il ne sait pas faire autrement. s’enivrer dès les premières lueurs de l’aube, avaler des pilules colorées comme des bonbons, baiser sans considération du partenaire. comme s’il cherchait à fuir le plus souvent possible, à s’exploser la tête pour ne pas avoir à affronter la sale réalité. tromper l’esprit pour supporter le quotidien difficile dans lequel tu l’avais obligé à replonger. il serait comment aujourd’hui river, si t’avais osé parler ? si tu t’étais dénoncé. si t’avais revendiqué la vérité. si pour une fois, t’avais pensé à un autre plus fort qu’à toi. t’sais quand tu menaces quelqu’un de te venger, généralement faut pas sourire comme un neuneu en même temps. parce que clairement, ses menaces ne génèrent pas une once d’inquiétude. peut-être qu’elles devraient, mais il manque sérieusement de crédibilité, encore plus quand il se remet à chouiner comme un gamin impatient. les yeux roulent dans tes orbites alors que tu te redresses, arrachant quelques champignons que tu fourres dans ton sac à dos pour les ramener à la maison. arrête de grogner, on est presque arrivés. tu reprends la marche, encore quelques mètres à travers une épaisse végétation qui vous empêche presque d’avancer. tu te figes devant une falaise en apparence banale, déloges le sac de ton dos pour ouvrir la fermeture éclair et en extraire deux frontales. réflexe. t’en jettes une vers river pour qu’il la réceptionne, positionne la tienne autour du crâne. sourire au bord des lèvres, sourcils levés. comme t’aimes ramper à mes pieds, j’dirais que tu vas aimer l’expérience. p’tit enfoiré, tu lui tournes le dos pour écarter des broussailles, révélant un trou dans la roche à peine assez gros pour vos silhouettes peu corpulentes. tu n’lui dis pas swann, comment t’es tombé là-dessus. que tu cherchais un coin tranquille pour planter ta culture de beuh, suffisamment éloigné du ranch pour ne pas être inquiété, assez isolé pour éviter qu’un marcheur te pique ta came ou n’ait l’idée d’alerter les autorités. tu t'aplatis à plat ventre devant l’ouverture, disparais à l’intérieur avant qu’il ait pu émettre une éventuelle protestation. si tu l’connais suffisamment, tu sais que river n’est pas claustro, et qu’sa curiosité le conduira certainement à te suivre sans faire de résistance. après quelques mètres à te tortiller dans le boyau, tu ressors de l’autre côté, sur l’intérieur de la grotte. avant-bras couverts de terre et d’argile. un vaste espace creusé dans les parois, révèle une salle aux dimensions inimaginable depuis la forêt. de quoi faire une rave party d’anthologie. t’éteins la frontale, rayon de lumière qui traverse à travers une brèche située à au moins cinq mètres de hauteur par laquelle tu peux distinguer un morceau de nuage. t’es assez persuadé d’être le seul à traîner dans la zone pour le moment, n’ayant jamais croisé âme qui vive durant tes explorations. c’est la première fois que t’emmènes quelqu’un dans cet endroit que t’as déniché y’a presque deux mois, comme en témoignent les affaires que t’as entreposées près d’un rocher. tout le nécessaire pour tagguer et y camper en toute tranquillité. mais jusque là, t’as jamais osé t’aventurer plus loin en solitaire, par les ouvertures qui mènent peut-être vers un trésor insoupçonné. t’as pas jugé très raisonnable de te prendre pour indiana jones dans ces conditions. eh river, t’es coincé ou quoi ? tu t’accroupis pour tenter de distinguer ton ami, mais l’gars il s’est peut-être barré comme un crevard. faut dire qu’il imaginait peut-être chose, si dans sa tête cette escapade était resté un date. genre un goûter aux chandelles sur une nappe à carreaux. c’est l’genre romantique river ?

@river bradbury

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il se marrait river, en voyant son pote, un peu dépité, un peu choqué, aussi, ça l'amusait car il avait su déjouer sa mauvaise blague, et c'était rare, puisqu'en général, c'était toujours swann qui gagnait. mais l'autre ne s'avouait pas tout à fait vaincu, puisqu'il attrapait sa joue, la pinçait, rien que pour le faire râler, évidemment, ça prenait, et river rechignait, sans aucune surprise. mais il ajoutait toujours une petite remarque, du style "c'est vrai ? tu me trouve mignon ?" avec un air faussement innocent, c'était pas vraiment du flirt, juste des petites plaisanteries, ça n'voulait rien dire, absolument rien, river ne s'faisait même pas d'illusion, en fait, il ne prenait pas la peine de se poser de questions. "non mais euh tu comprends rien en fait swann." air de bitch dans la voix, pour souligner à quel point l'autre était stupide. "c'est pas un sourire de neuneu, c'est le sourire du diable en personne, tu verras." au fond, peut-être qu'il ne se vengerait jamais, il n'était franchement pas doué pour ça, parce que pour ça, il fallait réfléchir, échafauder un vrai plan, plus un plan de secours, ça ne pouvait pas se faire spontanément, donc ça ne pouvait pas convenir au blond.

ils continuaient à marcher, toujours sous les enfantillages du plus jeune qui n'avait qu'une hâte, savoir ce qu'ils allaient faire, il fallait s'attendre à tout avec swann, et river s'était déjà fait tout un tas de films, tous plus étranges les uns des autres, peut-être allait-il trop loin ? ouai, il allait toujours trop loin. ils s'arrêtèrent enfin, et le brun envoyait une lampe frontale au plus jeune qu'il attrapait tant bien que mal. il pouvait au moins se féliciter de ne pas l'avoir fait tomber. "trop drôle, t'es un clown toi en fait." il attendait que son pote s'engouffre dans la petite entrée avant de le suivre, décidément trop curieux, c'était étonnant, comme lieu de rendez-vous. en fait, ça n'avait strictement rien d'un rendez-vous, mais ça, river ne l'avait pas très bien compris. il mis un certain temps à arriver au bout, swann se demandait même s'il n'était pas resté coincé, mais non, il avait réussi tant bien que mal à s'en sortir. "putain mais il est bizarre ce date quand même !" il protestait, c'était absolument pas ce qu'il avait imaginé, pourtant, lorsqu'il se posait enfin vraiment, il ne pu que constater que l'endroit dans lequel ils étaient était... magnifique. une grotte. vraiment original, vraiment surprenant. "oh... wah..." il était bouche-bée. "t'as trouvé ça comment ?" pas que la réponse l'intéressait pour de vrai mais quand même, il fallait l'avoir cherché ! "mais y'a même de quoi tagguer ! t'as sorti le grand jeu pour me séduire à ce que je vois !" absolument pas.

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les secondes qui s’égrainent, t’en viens à te demander si river n’a pas fini par te faire faux bond. s’il n’a pas jugé ton idée de te tortiller dans l’trou d’une falaise totalement débile, si finalement, tu ne l’connais pas si bien que ça. ce serait pas vraiment étonnant, faut dire que t’ignores un sacré paquet de trucs sur le blond malgré tes envies déraisonnables de grapiller la moindre information sur tous ceux qui t’entourent. de les documenter dans tes carnets qui contiennent le meilleur et le pire de chacune de tes investigations. mais si river est du genre à larguer des mots de trop sous l’impulsion des vapeurs alcooliques, certains accès de son cerveau sont farouchement verrouillés. parfois insaisissable, c’est une chance que certaines de ses réactions soient semblables aux tiennes. sans doute l’un des seuls qui comprend une partie de ton langage silencieux.
soulagement quand t’aperçois sa silhouette s’extraire péniblement, qu’il grogne encore sur ce foutu date foireux. tu ricanes en tendant la main pour l’aider à sortir, te ravises au dernier moment. j’t’ai dit que c’en n’était pas un, c’est peut-être pour ça. tu marmonnes, comme si t’espérais presque qu’il ne t’entende pas. t’es partagé entre l’envie qu’il garde l’illusion que vous partagez un rendez-vous si ça peut lui faire plaisir, et celle de briser ses jolis films en couleur. mais c’est pas comme si t’imaginais une seconde qu’il soit sérieux, qu’il rève vraiment d’un rencard avec toi. il fait que ça de ses journées, chanter sous les fenêtres des ados pré-pubères et faire glisser les photos grindr. les prunelles tournées vers son visage stupéfait, tu savoures l’instant où son regard s’émerveille. comme le tien, quand t’as pénétré dans cet espace hors du temps pour la première fois. cocon de perfection que t’as pourtant choisi de partager avec lui. parce que j’suis un putain de génie. tu bottes en touche pour répondre à son interrogation, évites de te confier sur tes recherches pour planter un champ de beuh. c’est qur river pourrait bien fureter aux alentours pour dénicher tes plantations, fumer la moitié et revendre l’autre. t’as vu, c’trop cool hein ?! tu ne calcules absolument pas la dernière partie de la phrase du blond, ne démens pas les intentions qu’il te prête. t’es bien trop excité de partager ta trouvaille avec ton gars sûr, et ce d’autant qu’il a l’air d’apprécier au moins autant que toi la découverte. la tension dont t’ignores d’ailleurs l’origine s’évapore illico, le sourire qui trône sur tes lippes, satisfaction peinte sur le visage. j’suis certain qu’on est les seuls à connaître c’t’endroit, j’en n’ai parlé à personne. à part lui. puis y’a grave de l’exploration à faire, ça s’trouve y’a un trésor abandonné là-dedans, ou des dessins des mecs en pagne qui habitaient là y’a des millions d’années. t’imagines ? tu t’emballes un peu trop swann, l’émotion qui déborde. faut t’calmer, c’est juste une putain de grotte humide et sale qui se termine probablement en cul de sac au fond d’un boyau de vingt mètres. tu sautilles au milieu des rochers, manques de t’étaler de justesse sur la mousse en te hâtant vers une artère au fond de la salle. le pied qui dérape, tu laisses échapper un grognement et te rattrapes à l’aide des paumes de tes mains éraflées par la pierre. tu poursuis ta route comme si de rien n’était, t’accroupis près des bombes de peinture. peut-être que ce sera les nôtres qu’on étudiera dans des centaines d’années, va falloir s’appliquer. tu l'mets au défi un peu.

@river bradbury

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il était de moins en moins sûr de lui, river, lorsque swann l'entraîna dans ce passage sous terrain, c'est qu'il n'avait pas imaginé une seule seconde qu'un date pourrait se passer comme ça. il n'en avait pas fait beaucoup, river, de date, mais en général, c'était plutôt petite sortie au kebab du coin, puis discussion, pendant une ou deux heures, avant de terminer nus sous une couette. il se demandait bien s'ils finiraient nus, d'ailleurs, dans cette grotte. pourquoi pas, après tout, puisque c'était un date, un rendez-vous, même si son ami affirmait le contraire.

de toutes façons, il était persuadé à 1000% qu'il s'agissait bien d'un rencard. on ne montrait pas un si bel endroit à une personne qu'on aimait pas, et il se confortait à cette idée lorsque le plus grand lui affirmait qu'il n'avait encore jamais montré ce lieu à personne d'autre avant lui, ce qui rendait le tout tellement plus spécial, l'espace d'un instant, le blond se sentit même pousser des ailes. ça n'voulait rien dire, ce n'était qu'une sortie entre amis, de toutes façons, personne n'aimerait quelqu'un comme lui, mais au moins, il avait été une personne privilégiée aux yeux de swann, juste l'espace d'un moment, d'une soirée, ce n'était pas suffisant, mais c'était déjà pas mal, et il devait s'en contenter. "j'suis content d'avoir eu ce privilège alors, maintenant, tu pourras plus montrer cette grotte à qui que ce soit." et même s'il le disait en riant, il espérait bien que son ami l'écoute, c'était leur petit truc à eux, et personne d'autre n'avait le droit d'avoir connaissance de ce lieu, sinon, il lui en voudrait terriblement.

river pris une bombe entre ses mains, souriait grand, habituellement, il signait chaque endroit qu'il vandalisait d'un charmant sexe masculin, mais là, ce n'était pas pareil, il se devait de faire une oeuvre d'art, rien que pour honorer cette soirée, ce lieu si particulier. "t'inquiète." qu'il disait, et si normalement, il fallait toujours s'inquiéter pour de bon à chaque fois qu'il disait ça, cette fois-ci, swann pouvait se rassurer, car le blond comptait s'appliquer pour de vrai. il ferma les yeux, imaginait certaines choses, toujours les mêmes choses, celles qui le suivaient, qui le hantaient, parfois, même, ces choses lui parlaient, elles n'étaient pas toutes méchantes, juste un peu effrayantes. la seconde suivante, les yeux grand ouverts, il commençait son oeuvre, dépeignait un visage atrophié, sans yeux, sans nez, avec une énorme gueule, et une deuxième tête, et un corps, maigre, et il entrait dans une espèce de transe, silencieux, incapable de s'arrêter pendant plusieurs minutes. au bout d'un moment, lorsqu'il n'y eut plus de peinture dans sa bombe, en fait, il se stoppa immédiatement, lança un regard à swann. "et voilà l'travail. ça manque de couleurs, tu m'aides ?"

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And you'll ask yourself
Where is my mind? ☾☾

ça te soulage un peu, de voir que le blond s’emballe un minimum pour cette découverte partagée. t’avais eu un peu peur qu’il trouve ça débile, qu’ça ne lui fasse pas plus d’effet que découvrir une voie ferrée. pourtant, il se montre immédiatement possessif envers ce cocon d’humidité, refusant d’inclure d’autres protagonistes dans ce qui constitue désormais votre secret. t’en captes pas réellement toutes les implications, tout ce que tu sais c’est que t’apprécies l’état d’esprit. clairement, ce sera notre grotte à nous. à toi, à lui. à tous les deux. t’espères seulement que river va respecter ce pacte, et ne pas la montrer au premier gars croisé sur grindr parce que les pilules t’auront rayé de son cortex cérébral. t’as envie au moins autant que lui, que cet endroit demeure hors de portée de quiconque. ces merdeux de mioches risqueraient de transformer ce lieu d’inspiration en déchetterie, l’exploiter pour leurs beuveries. ces losers du centre pourraient s’en faire un nouveau squat, y larguer des seringues empoisonnées. mais vous, en avez une autre perception. les mirettes qui contemplent les murs de pierre y distinguent une toile vierge sur laquelle imprimer des traces d’un art souvent décrié. river qui se lance le premier, ferme les paupières pour se laisser habiter par sa muse. tu demeures parfaitement immobile, fasciné par le spectacle. les mouvements de river, possédé, qui donnent vie à une monstruosité avec un naturel déconcertant. comme s’il vivait avec ce genre d’images au quotidien, un univers difforme et sombre dissimulé sous la tête blonde. comme si les prunelles d’un bleu si clair, étaient capables de percer le visible pour distinguer une autre réalité. qu’il traînait à silent hill, à ses heures perdues. qu’il avait un accès privilégié, aux tréfonds des enfers. parce que les choses qu’il dessine, émergent clairement du purgatoire. t’y distingues une créature aux orbites creuses qui hurle de douleur, avec son pote rachitique qui n’a visiblement pas bouffé depuis trois ans. mignon, ce sera idéal pour une sortie scolaire dans trois mille ans. et tu t’demandes s’il essaie pas de t’faire passer un message river, parce que sans vraiment te l’expliquer ils t’font penser à vous, version film d’horreur. tête penchée, tu scrutes longuement le travail de river. il kifferait sûrement edvard munch, faudra que tu lui montres un bouquin à l’occasion. il est arrivé quoi à ses yeux, c’est le fil de fer qui les a crevés ? t’interroges, intrigué. t’aimerais savoir, si y’a des histoires derrière les fresques de l’angoisse. ou s’il les reproduit simplement sans leur imaginer une vie. que ça sort comme ça du chaos, sans identité. glacial. river, c’est ça qu’tu vois quand tu t’éclates la tête ? ou c’est ça qu’tu cherches à fuir en avalant toutes ces saloperies ? les idées noires qui ont déjà essayé de l’entraîner avec elles dans les abîmes du néant. t’attrapes une bombe de couleur, commences à pulvériser au dessus de leurs visages. tu prends du vert, du rouge, du jaune, du bleu. tu dessines des piafs au pelage coloré, des montagnes, une cascade dans l’ciel, des arbres exotiques. un échelle qui grimpe jusqu’à un nuage, comme pour leur donner la possibilité de s’échapper du là-dessous terne et triste, vers le là-haut accueillant et bariolé. comme un poids pour équilibrer la balance, tâcher son noir de teintes multicolores. pile et face. tu te tournes vers la tête blonde, lâches un rire qui résonne dans la cavité. mec, tu t’en es foutu partout. ton corps se plante devant le sien, pouce qui vient barrer un trait sur sa pommette comme si tu retirais un cil venu s’échouer sur la peau. une larme de noire que tu mélanges au bleu qui a dégueulé sur ta main. au lieu d’essuyer la peinture, t’aggraves la marque sur son visage avant de laisser traîner ton regard sur ton doigt pour constater les dégâts. ça te va mieux le bleu, c’est assorti à tes yeux. sourire perché sur les lippes taquines. ils peuvent monter à l'échelle maintenant, s'barrer de ton monde en noir et blanc. tu passes du coq à l'âne, faisant référence à ton illustration.

@river bradbury

Please don’t expect me to always be good and kind and loving. There are times when I will be cold and thoughtless and hard to understand.

leur grotte, leur grotte à eux, rien qu'à eux, swann l'avait promis, et sans même qu'il le sache vraiment, les deux garçons avaient formé un pacte. cet endroit, ils ne le montreraient à personne, ils seraient les seuls à en connaître son existence, et c'était bien trop beau pour que le blond trahisse ce pacte inventé dans sa tête. il avait un truc en plus par rapport à tous les autres, un truc qui le différenciait de tout le monde aux yeux de swann, ça ne tenait qu'à cet endroit, mais bientôt, il espérait que ce serait bien plus que ça, même si juste ça, c'était déjà beaucoup.

et ils l'avaient baptisé, cet endroit, ils l'avaient signé de leur présence, par des bombes d'abord noire, des dessins inquiétants, des mondes un peu trop profonds, il ne s'était même pas rendu compte river, qu'intérieurement, il venait de se livrer presque tout entier à swann, les messages étaient seulement énormément codés, et il n'était pas si aisé de les comprendre sans faire de contresens. de toutes manières, même lui ne parvenait pas bien à tout déchiffrer, son esprit était bien trop compliqué.

il se réveillait de sa transe, regardait ce qu'il avait fait, bizarre, comme d'habitude, et pourtant, tout cela avait tellement de sens pour lui, mais peut-être que swann prendrait peur, ce ne serait pas étonnant.
mais non.
il posait juste des questions, s'intéressait à tout cet univers, à tout ce qui voulait bien transparaître de river, et ça lui faisait quelque chose, qu'il ne clame pas immédiatement qu'il était étrange, qu'il se demande juste, pourquoi les monstres étaient comme ça, que leur était-il arrivé. "il en avait marre d'voir la merde du monde, elle était peut-être un peu disproportionnée, sa réaction, mais bon, au moins c'est radical." c'était plus simple, c'était comme fuir, refuser de voir, d'affronter, exactement comme il faisait, en fait.

mais swann il s'rapprochait de la fresque, et lui ajoutait des couleurs, les plus belles, et tout ce monde trop sombre possédait enfin un autre sens, un semblant de lueur d'espoir, une échappatoire, quelque chose, juste un escalier, et un nuage, et quelques mots, et sa main, qui s'posait sur sa peau, et son rire, qui résonnait dans la tête du gamin, qui, docile, se laissait faire.

et river, il revoyait une nouvelle fois les dessins, les couleurs, la peinture qui dégoulinait sur le sol, et il posait sa main dessus, tant pis s'il se tâchait, il n'était plus à ça près. "j'aimerai bien partir avec eux." dans ce monde plus beau, plus coloré, partir au ciel, car c'était ça qui y était dessiné, car c'était ça qu'il sous-entendait. "il est nul mon monde, heureusement que t'es là pour y mettre un peu de couleurs, tu sais ?"

‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾

With your feet on the air and your head on the ground
Try this trick and spin it, yeah
Your head will collapse
But there's nothing in it
And you'll ask yourself
Where is my mind? ☾☾

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